Quel potentiel représentent les terres assolées en Suisse ?
La production des denrées alimentaires doit être adaptée aux conditions locales et économe en ressources. C’est ce que prévoit notre Constitution fédérale. Qu’est-ce que cela signifie précisément ? Et avons-nous déjà atteint ces objectifs ou y a-t-il un potentiel d’optimisation en Suisse ?
Une agriculture adaptée aux conditions locales met à profit le potentiel agronomique et économique du site pour la production alimentaire, tout en tenant compte de la résilience des écosystèmes. Les cultures destinées directement à l’alimentation humaine sont la manière la plus écologique et la plus efficace d’utiliser les sols, là où les conditions locales le permettent.
Classification de l’exploitation agricole actuelle
Actuellement, 58 % de la surface agricole utile du pays sont exploités en tant que prairies permanentes, 38 % en tant que terres assolées et 4 % en tant que cultures pérennes (Office fédéral de la statistique, 2024). Plus de 50 % des terres assolées sont actuellement utilisées pour la production d’aliments pour animaux (USP, 2023).
Étude du potentiel pour des terres assolées adaptées aux conditions locales
Grâce à des modélisations spatialement détaillées, Agroscope et l’OFAG ont étudié les surfaces potentielles pour des grandes cultures adaptée aux conditions locales en Suisse. Sur la base des données disponibles à l’échelon national, nous avons analysé quelles surfaces agricoles se prêteraient une exploitation en tant que terres assolées selon les critères des conditions locales. L’hypothèse était que les surfaces de promotion de la biodiversité et les cultures pérennes resteraient inchangées, de même que les surfaces d’estivage.
La méthode en bref
L’analyse était basée sur une approche en trois étapes. Le potentiel des terres assolées a été évalué sur la base de critères biophysiques (pente, adéquation du sol et du climat) et de deux critères environnementaux (prévention de l’érosion des sols et émissions de gaz à effet de serre provenant des sols organiques drainés). Dans une première étape, la surface agricole utile a été superposée avec la carte des aptitudes des sols suisses (Frei et al., 1980), la carte des déclivités (Swisstopo, 2022) ainsi que celle de l’adéquation du climat (Holzkämper et al., 2015). On a supposé que les terres agricoles dont la pente ne dépasse pas 35 % peuvent être cultivées sur le plan technique et que le climat et les sols agricoles permettent au moins la culture du blé. Les surfaces présentant un risque élevé d’érosion (Bircher et al., 2019) ont été exclues du scénario 2 et les sols organiques du scénario 3 (Wüst-Galley et al., 2015).
Ce que montre l’analyse
Le scénario 1 montre le potentiel maximum des terres assolées. Par contre, la répartition des terres assolées et des surfaces herbagères dans le deuxième scénario est semblable à l’utilisation actuelle. Dans l’ensemble, on constate une diminution des terres assolées par rapport à leur utilisation actuelle, car environ 40 % des terres assolées actuellement exploitées seraient plus adaptées aux cultures herbagères en raison du risque d’érosion. Dans le troisième scénario, l’exclusion des sols organiques limite encore le potentiel des terres assolées, tandis que la superficie des prairies augmente. Comme les sols organiques ne couvrent qu’une petite partie de la surface à l’échelle nationale, les scénarios 2 et 3 ne diffèrent que très peu (figure 1).

Dans le contexte de la tendance nationale, la figure 2 montre, à l’aide de deux exemples régionaux, comment la répartition des surfaces entre les terres assolées et les prairies évolue avec une exploitation mieux adaptée aux conditions locales.

Suffisamment de terres assolées – mais parfois au mauvais endroit
Les résultats montrent que les terres assolées adaptées aux conditions locales sont disponibles dans un ordre de grandeur comparable à celui d’aujourd’hui, même dans le scénario 3. Toutefois, au niveau régional, on observe des décalages géographiques importants entre les terres assolées et les surfaces herbagères. Ainsi, certaines surfaces nécessiteraient un changement d’utilisation des sols pour poursuivre les objectifs visant à favoriser la production adaptée aux conditions locales, la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Dans le cadre d’un projet de suivi, l’équipe de projet examine à présent quelles pourraient être les conséquences concrètes d’une telle transformation.
Sources
Bircher, P., Liniger, H., Prasuhn, V., 2019. Aktualisierung und Optimierung der Erosionsrisikokarte (ERK2) : Die neue ERK2 (2019) für das Ackerland der Schweiz : Rapport final.
Office fédéral de la statistique, 2024. Surface agricole utile – Sans les estivages – En milliers d’hectares.
Frei, E., Vökt, U., Flückiger, R., Brunner, H., Schai, F., 1980. Carte des aptitudes des sols suisses. Berne.
Holzkämper, A., Fossati, D., Hiltbrunner, J., Fuhrer, J., 2015. Spatial and temporal trends in agro-climatic limitations to production potentials for grain maize and winter wheat in Switzerland. Reg Environ Change 15, 109–122. https://doi.org/10.1007/s10113-014-0627-7
Swisstopo (Ed.), 2022. MNT 25. Le modèle numérique du terrain de la Suisse.
Wüst-Galley, C., Grünig, A., Leifeld, J., 2015. Locating Organic Soils for the Swiss Greenhouse Gas Inventory. Agroscope Science.
USP, 2023. Statistiques et évaluations concernant l’agriculture et l’alimentation, Brugg. https://www.sbv-usp.ch/de/services/agristat-statistik-der-schweizer-landwirtschaft/statistische-erhebungen-und-schaetzungen-ses, dernier accès le 19 mai 2025.
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